" Laisse le silence sous-titrer l'instant " pour te
souvenir des contes venus de tous pays, des respirations et des rires. De nos pas ralentis dans la médina. Du goût juteux de l'orange, du sucre fibreux des dattes, d'une sauce aubergine-huile
d'olive qui voyage dans l'air. Du puits de lumière du Riad, de la voix du Muezzin, de nos déambulations dans les recoins de ces murs peints à la chaux où vibrent encore les notes du piano. D'une
cigogne qui vole au dessus du Minaret. De la main sur le cœur. De la course
légère pour atteindre l'échelle dans le soir. De la voûte étoilée au croissant d'Orient. Du balai en équilibre sur ton doigt. De nos mouvements funambules sur l'herbe. Des moucherons qui
taquinent. De nos histoires pour les arbres. D'un café à l'ombre des oliviers. Du sourire de l'artisan qui vient de forger un bracelet aux fils d'argent. De la bienveillance de celui qui tend une
poignée de fleurs d'oranger. De l'attente maigre des chats. De la rumeur euphorique de la place El dhim. De la bobine de fil étirée entre deux échoppes. Du grillage ouvert sur Volubilis. De l'âne
chargé au flanc des ruelles. Du premier mausolée. Du soleil dans la bataille des cheveux. De la voix de celui qui raconte. Du tournoiement du violon au pied du cèdre. De la danse, chevelure
agrippée de lichen. De celle qui écoute. De la douche de souffles. De nos marches qui se perdent au milieu d'un troupeau. Du cri aigu des hirondelles. Des mains qui délient les mots. Du geste de
trop. Du chant élancé. Des figues et du thé. De ce temps accordé aux contes, aux rêves, aux rencontres. Je me souviens...