Retrouvailles avec ma tendre Bretagne et mon
amie d'enfance : une vue à couper le souffle depuis son appartement sur le Grand Bé de Saint Malo où est enterré Chateaubriand.
C'est dans cette ville marine que j'avais achevé l'écriture de mon dernier recueil " Fragments d'une poésie urgente" édité chez
Flammes vives. Hier, passage par la maison des Poètes où je serai programmé pour un concert au printemps prochain....
Fragments d'une poésie urgente
80. Là-bas dans cette contrée où j’ai vécu, la vie est une mouette qui plonge en riant dans des eaux grises ou sur des laisses de mer sautillante. Leur cri aigu combattant la force du vent,
résonne encore dans mes tympans. Ces lieux hantés par les dictons du large. « Qui voit Ouessant, voit son sang ». J’y ai abaissé le turban de mes habitudes, me baignant dans des eaux froides,
écoutant le bruit des voiles claquer et assécher les certitudes. Prendre la mer est un éternel recommencement, un affrontement nécessaire. Rires et râles dans les mousquetons rouillés . Et cette
humidité qui entre partout jusqu’au cuir des maisons. Cette mince pellicule qui irrigue tous les battements des danses de la cornemuse. C’est toujours pris sur le vif qu’une joie demeure, écouter
les musiciens du fest-noz. Le bonheur s’installe quand on oublie de retrousser l’heure, courbure du poignet pour effleurer l’épaule du soir, des cercles fougueux abreuvés de bière et de cidre
tournoyant jusqu’aux heures sombres du ciel. Descendre de ce manège en titubant. Retourner voir l’océan, embrasser la trace de son passage sur le sable. Remonter avec le cortège de nos veines sur
le vieux gréement « Qui voit Molène, voit sa peine » Me faire discrète dans la cabine pour écouter mes amis voileux s’affairer. Tenir le cap d’une échappée belle dans cette nacelle au parcours
incertain, sans plus d’autres ailes que les flots marins. Ouvrir mes mains aux embruns, trouver un sommeil passager, voguer, happée par cette étrange sensation de liberté et de peur. Laisser les
grandes marées parler à la lune et me réveiller dans un écrin de brume. Tituber. « Qui voit Sein, voit sa fin » Apercevoir le port au loin sous le soleil effronté qui a tout étiré. Du bleu
partout, les roches réconfortantes du port, les fugaces toits d’ardoises piquées de lichen, entendre le son de la petite église et ses tailles de granit si chères à mon cœur. Descendre le pied de
cet étrier de mer, sentir la terre qui tangue et pour la première fois comprendre dans sa chair : le mal de terre.
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